En ce 15 octobre 2021, le bien connu site de vente LeBonCoin propose 7 724 chaudières fioul, en grande majorité proposées par des particuliers à un prix moyen dérisoire d’environ 300 euros !

Lorsque l’on sait que ces chaudières ont souvent été payées 7 à 8 000 euros et qu’elles sont la plupart du temps en bon ou très bon état, il y a de quoi se poser de nombreuses questions.


Un décret toujours pas paru

Alors que le décret d’interdiction d’installation de chaudières neuves émettant plus de 250 g de CO2 par kWh est à priori reporté à mi 2022, que ce décret n’interdira pas la réparation des chaudières anciennes et que de nouveaux combustibles liquides émettant moins de CO2 commencent à être commercialisés, rien n’interdisait les français chauffés au fioul de garder leur mode de chauffage.

Pourtant, ils ont été nombreux à passer à la PAC électrique ou désormais davantage au bois (énergie dont la hausse des prix est pour le moment plus modérée). Gouvernement, médias et énergies concurrentes ont été largement responsables de ce “fioul exit” et n’ont pas hésité à véhiculer de fausses informations comme par exemple que les chaudières fioul existantes seraient elles aussi interdites et non réparables créant principalement inquiétude et mécontentement du consommateur (voir l’étude Hellio Fioulreduc 2021).

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le fioul 100% fossile est polluant et dépassé, pour autant, des solutions de remplacement apparaissent comme avec les fiouls bio, les HVO, les e-fuels… et ces nouveaux combustibles permettent de garder la chaudière existante .

A l’heure du développement durable et de l’économie circulaire, la mise à la casse ou à la vente de tant de chaudières fioul réputées pour leur robustesse et leur entretien économique n’est il pas une erreur majeure ? Les français utilisent désormais majoritairement les produits d’occasion ou de seconde main, des sites comme Vinted, Backmarket, AsGoodAsNew, Rebuy fleurissent sur le net et bénéficient d’un véritable engouement des français.


Créer une filière chaudières fioul recyclées

C’est pourquoi la FEDIE appelle à la création d’une filière de recyclage des chaudières fioul en chaudières d’occasion vérifiées et utilisables avec l’ensemble des nouveaux fiouls issus d’huiles usagées, du colza ou d’autres plantes, des sous produits forestiers ou du recyclage de déchets convertis en bio liquides par procédé Fischer Tropsch dans des bio-raffineries (voir à d’autres énergies liquides qui pourraient être développées à l’avenir), bref à tous les bio-liquides permettant de réduire les émissions de CO2. Une telle filière permettrait à un particulier d’installer un système de chauffage vertueux pour un coût certainement 10 fois inférieur à celui d’une chaudière bois.


Le choix malin de garder sa chaudière fioul

La FEDIE conseille également les particuliers de ne pas se séparer de leur chaudière fioul même s’ils installent une PAC, ils peuvent en effet installer une régulation hybride qui pourra intelligemment basculer entre l’une ou l’autre des énergies en fonction de son coût, par -10°C par exemple, la chaudière fioul sera bien plus économique que la PAC qui se transforme en radiateur électrique par grand froid, les économies à la clé peuvent être conséquentes et l’amortissement du nouveau matériel pourra se faire plus rapidement.


Un coût en CO2 sous estimé

Barbara POMPILLI, dans sa volonté de réduire les émissions de CO2 a oublié un élément essentiel, c’est le même élément pour les chaudières que pour les voitures : celui du coût supplémentaire en CO2 pour détruire un bien et le remplacer par un autre bien neuf. En termes d’émissions de CO2, il vaut mieux utiliser une chaudière ou une voiture jusqu’à sa fin de vie plutôt que de la remplacer fréquemment, même si le nouveau modèle émet moins de CO2, le remplacement repousse à très loin dans le temps l’hypothétique réduction d’émissions si l’on inclut tous ces éléments du cycle de vie.

Carburants et combustibles ont aussi un rôle primordial à jouer, l’ouverture sur le marché des carburants B30 ou B100 qui sont actuellement cantonnés aux flottes privatives permettrait de réduire d’un coup les émissions sans changer de véhicule.

Comme le démontrait Guillaume PITRON, il y a fort à parier que la France se réveille dans quelques années en se rendant compte qu’elle a raté sa transition énergétique et que les problèmes ont été déplacés mais sont toujours là.